Gestion du bruit, de l’excitation et des routines brisées : soutenir un enfant TDAH pendant les fêtes
- Amélie Kijek
- il y a 4 jours
- 5 min de lecture
Analyse neuropsychologique et stratégies concrètes pour les parents

Le temps des fêtes est souvent synonyme de joie, de rassemblements et d’activités stimulantes. Mais pour un enfant ayant un TDAH, cette période peut représenter un véritable défi : routines perturbées, excitation généralisée, surcharge sensorielle, transitions rapides, bruits constants…Pour le cerveau d’un enfant neurodivergent, tous ces éléments peuvent augmenter l’impulsivité, l’agitation, les débordements émotionnels ou les crises.
Cet article propose un regard neuropsychologique, nuancé et respectueux, afin de comprendre ce qui se joue dans le cerveau d’un enfant TDAH durant les fêtes et d’accompagner les parents avec des stratégies efficaces et bienveillantes.
1. Pourquoi les fêtes sont particulièrement difficiles pour un enfant TDAH ?
1.1 Une surcharge des fonctions exécutives
Les fonctions exécutives (planification, inhibition, flexibilité, attention) sont déjà plus fragiles chez les enfants TDAH. Or, pendant les fêtes, ces fonctions sont mises à rude épreuve :
imprévisibilité des horaires,
changements rapides d’activités,
nombreuses distractions,
demandes sociales accrues,
stimulation sonore et visuelle.
Le cortex préfrontal, responsable de l’autorégulation, doit travailler deux à trois fois plus intensément qu’en temps normal.
1.2 Le bruit et l’excitation augmentent la charge sensorielle
Les environnements festifs sont bruyants : musique, conversations simultanées, lumières vives, foule, rires, activités…
Pour un enfant TDAH, souvent plus sensible aux stimuli, cela crée :
une hyperactivation du système attentionnel,
une difficulté à filtrer le bruit,
de l’irritabilité,
une fatigue cognitive accrue,
parfois une perte de contrôle émotionnel.
Ce n'est pas de la mauvaise volonté : c’est une surcharge du système nerveux.
1.3 Des routines brisées = plus de défis d’autorégulation, surtout dans le TDAH
Les routines servent d' “ancrages cognitifs”. Elles aident le cerveau à prédire ce qui s’en vient et à se réguler. En période des fêtes :
heures du coucher décalées,
repas différents,
déplacements fréquents,
changements d’environnement,
horaires irréguliers.
Résultat : le cerveau perd ses repères et la régulation devient plus difficile.
1.4 Des émotions fortes = un cerveau en “mode intensifié”
Excitation + anticipation + nouvelles expériences + cadeaux =un cocktail émotionnel parfois difficile à gérer pour un enfant TDAH. L’émotion devient si forte qu’elle déborde plus rapidement. C’est ce qu’on appelle la dysrégulation émotionnelle, un phénomène très étudié dans le TDAH.
2. Comment soutenir un enfant TDAH pendant les fêtes ?
Stratégies neuropsychologiques simples et efficaces
2.1 Prévoir une structure douce (pas rigide, mais prévisible)
Les enfants TDAH n’ont pas besoin d’une routine parfaite. Ils ont besoin de prévisibilité.
Exemples :
garder des heures de sommeil relativement stables,
annoncer les transitions à l’avance,
afficher un petit horaire visuel,
expliquer la journée le matin : “Aujourd’hui, on va d’abord chez mamie, ensuite on ouvre les cadeaux.”
La structure réduit la charge cognitive et sécurise le cerveau.
2.2 Utiliser des “bulles calmes” dans la journée
Une bulle calme = un moment court, sans stimuli, pour réduire l’hyperactivation.
Idées de bulles calmes :
pièce plus tranquille,
coin lecture,
marche de 5 minutes,
mini pause sensorielle,
écouteurs bruit rose ou blanc,
respiration guidée de 30 secondes.
Pour un enfant TDAH, une pause proactive vaut 100 interventions correctives après coup.
2.3 Préparer l’enfant aux contextes difficiles
Quelques minutes de préparation peuvent transformer l’expérience.
Exemples :
expliquer le bruit et la foule,
nommer les règles sociales à l’avance,
décrire les étapes du souper,
anticiper les moments potentiellement stressants.
Les enfants TDAH gèrent mieux quand ils savent à quoi s’attendre.
2.4 Protéger le système sensoriel
Si l’environnement est très bruyant ou stimulant :
apporter un casque antibruit,
prévoir des pauses dehors,
diminuer le volume des jeux,
offrir un coin tranquille,
réduire le nombre de personnes dans l’interaction.
Ce n’est pas “éviter la vie”,c’est adapter l’environnement… comme on le ferait avec des lunettes pour un enfant qui voit moins bien.
2.5 Fixer des limites réalistes
Un enfant TDAH ne peut pas “performer” socialement pendant des heures. Les attentes doivent être ajustées.
Exemples de limites :
temps maximal chez une famille,
nombre d’activités par jour,
limites claires sur les écrans,
pauses obligatoires.
Moins il y a d’exigences, plus l’enfant peut se réguler.
2.6 Favoriser l’autorégulation émotionnelle
Stratégies simples à enseigner :
respirations lentes,
serrer une balle antistress,
“pause eau”,
demander de l’aide,
nommer l’émotion (“Je suis excité”, “Je suis frustré”).
Nommer l’émotion diminuerait l’activation de l’amygdale de 30 % selon les études.
2.7 Valoriser les forces (essentiel pour l’estime)
Les fêtes sont un contexte où un enfant TDAH peut recevoir plus de critiques indirectes (“calme-toi”, “sois patient”, “arrête de bouger”). Il faut contrebalancer.
Valoriser :
sa créativité,
sa spontanéité,
son humour,
son énergie,
sa curiosité,
son originalité.
Les forces neurodéveloppementales méritent d’être mises en lumière.
3. Quand consulter en psychologie ?
Une consultation peut être pertinente si :
les comportements deviennent très difficiles à gérer,
l’enfant semble constamment en surcharge,
les routines sont impossibles à maintenir,
l’attention et la régulation sont problématiques depuis longtemps,
il y a des doutes sur un TDAH ou un autre profil neurodéveloppemental.
L’objectif n’est jamais de “coller une étiquette”, mais de comprendre le fonctionnement du cerveau pour mieux intervenir.
Conclusion
Les fêtes représentent un défi particulier pour les enfants TDAH : surcharge sensorielle, excitation, perte de routine et exigences sociales. Ce ne sont pas des comportements “capricieux”, mais des réactions liées au fonctionnement neurodéveloppemental.
En adoptant des stratégies simple, structure douce, pauses sensorielles, attentes réalistes, préparation, soutien émotionnel, il est possible de réduire les débordements et d’offrir à l’enfant des fêtes plus calmes, plus sécurisantes et plus harmonieuses.
Notre approche
À l’interphase, notre équipe pluridisciplinaire est composée de neuropsychologues, de psychologues et d’intervenantes spécialisées dans l’évaluation et l’accompagnement des enfants TDAH.
Avant toute prise en charge en psychoéducation ou en psychologie, un diagnostic rigoureux est réalisé par nos neuropsychologues, dont Vincent Migneron-Foisy, Alixia Demichelis et Émeline Wyckaert, qui possèdent une solide expertise dans l’évaluation du fonctionnement neuropsychologique des enfants et des adolescents.
En psychoéducation, Béatrice Villemure offre un accompagnement individualisé visant à soutenir la gestion des émotions chez les jeunes, tout en guidant les parents dans l’implantation de stratégies concrètes à la maison.
Du côté de la psychologie, Noémie Lardinois, Marie-Andrée Rousseau et Samera Bijjou interviennent auprès des enfants et de leurs familles en proposant des approches thérapeutiques adaptées aux profils et aux besoins spécifiques.
Avec un accompagnement adapté et des outils concrets, votre enfant peut progresser et la vie familiale peut redevenir plus sereine. Vous n’êtes pas seul.e.
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